Il s’est inscrit dans le temps, en effet, le projet des Mées a été porté à la réflexion dès 2000, puis après une réorientation du projet en 2004, des études et un premier dépôt de permis de construire en 2008, la construction des centrales photovoltaïques les Mées a commencé en 2010. Les premiers raccordements ont été réalisés en 2011 pour une fin de construction en 2012. A partir de cette date, des suivis écologiques ont été lancés avec une présentation des résultats en 2017. Ces résultats démontrent l’attention qui a été portée, dans le respect et le maintien de la biodiversité d’un plateau isolé, lors de la construction du parc photovoltaïque malgré une mise en place effectuée par différents intervenants dans le cadre de travaux non coordonnés et longs.
Présentation géographique du plateau
Le plateau de Puimichel est délimité au nord par la vallée de la Bléone, au sud par l’Asse, à l’ouest par la Durance et à l’est par la vallée des Cardaires. Il se caractérise par une imbrication de milieux (formations boisées denses ou lâches et morcelées, garrigues, espaces cultivés, landes et parcours à moutons ainsi que des prairies). L’agriculture traditionnelle a été peu à peu délaissée au profit de cultures telles que les céréales ou le lavandin mais on constate un retour de l’agropastoralisme. Les exploitations sont isolées les unes des autres dans un paysage et le secteur primaire (agriculture) est encore le principal employeur de la commune.
Conclusion du suivi écologique effectué depuis la construction des parcs en 2012 :
Il démontre que la construction d’un parc de centrales photovoltaïques peut s’intégrer dans un écosystème existant dans le respect de la biodiversité, à condition que :
- L’intégrité du sol soit préservée (pas de terrassements lourds avec une conservation des horizons)
- L’on entretienne légèrement la strate herbacée et pour cela, le pastoralisme est tout à fait positif.
- L’équilibre soit trouvé entre zone occupée par les panneaux et que les friches buissonnantes en périphérie et lisières forestières soient préservées afin de maintenir un bon niveau de continuité écologique.
Une recolonisation du milieu
Il est certain que les travaux liés à la construction du parc photovoltaïque des Mées ont impacté temporairement le nombre d’espèces présentes sur le plateau de Puimichel. En effet, nous sommes dans le cas d’une entité de production photovoltaïque parmi les plus étendues de France. Mais une fois les emprises libérées et le calme du milieu retrouvé, on observe une recolonisation progressive des milieux.
- Les emprises des panneaux photovoltaïques font office d’habitat très apprécié des espèces de milieux ouverts, du rongeur au passereau. Elles sont même investies par les busards en chasse, ce qui est très positif.
- La périphérie des parcs photovoltaïques accueille la plus grande diversité d’espèces entre insectes, reptiles, oiseaux de milieux semi-ouverts et fermés et chasse de chiroptères. Le réservoir de proies est assez important pour que plusieurs couples de Circaète Jean-le-Blanc se maintiennent localement.
- Certaines espèces n’ont pu être recontactées sur le plateau au bout de 3 ans mais une nouvelle séquence de suivi est prévue prochainement et elle permettra d’apporter un éclairage plus complet sur la capacité des espèces à réinvestir le milieu.
Repli temporaire et redistribution des espèces ont été observés dans cette étude écologique. De nouvelles conclusions étant prévues à échelle de 3 à 4 ans.
Avant/Après au niveau écologique
Ce que l’on constate après une observation des espèces en comparant avant/après installation des centrales photovoltaïques :
- Toutes les espèces de rapaces ont été revues (Bondréa apivore, Milan Noir, Circaète Jean-le-Blanc, Busard cendré…),
- L’alouette Lulu et l’alouette des champs ont été toujours aussi abondantes,
- Des oiseaux en milieu ouverts sont toujours en présence : Pie-Grièche à tête rousse, Pie-Grièche méridionale, Pie-Grièce, Ecorcheur, la Fauvette à tête noire, la Fauvette des jardins, la Fauvette orphée, la Fauvette grisette…
Il a été également remarqué une plus grande diversité d’espèces en marge des parcs sur des zones d’écotones (zone de transition écologique entre deux écosystèmes) et dans les parcs les espèces les plus courantes sont apparues en effectifs plus importants.
- Les lézards verts, de murailles et une vipère aspic ont été observés dans ce plateau très favorable à leur développement puisqu’il alterne milieux ouverts, friches, de buissons et lisières.
- Malgré une absence de cours d’eau, on a pu voir des crapauds communs et des alytes accoucheurs.
Certains mammifères n’avaient pas été observés avant l’installation des centrales photovoltaïques et sont désormais en présence :
- Sanglier
- Chevreuil Européens
- Ecureuils roux
- Lapins de garenne
- Lèvres d’Europe
Les chiroptères étaient en nombre avec 15 espèces observées avant les travaux. Après on en compte 4 :
- Grand Rhinolophe
- Vespère de Savi
- Pipistrelle de Kuhl
- Pipistrelle de Nathusius
Mais ces espèces nécessitent plus de temps pour recoloniser des territoires et de nouvelles observations sont en perspective. La restauration de continuités écologiques est en œuvre en implantant des haies et en favorisant les friches naturelles. Des aménagements artificiels favorables ont également été mis en place : nichoirs pour oiseaux, hôtels à insectes, mares alimentées par les eaux de ruissellement, habillage des bâtis pour servir de gîtes potentiels aux espèces.
Dans certaines parcelles, l’absence de pâturages est encouragée afin de permettre une relance de la végétation.
Agro-pastoralisme et production d’énergie verte
Une collaboration d’un nouveau genre et très innovante a été mis en place avec les éleveurs de moutons. Une convention de pâturage a été signée avec des éleveurs portant sur toute la durée d’exploitation du parc.
Avantages :
– Les éleveurs disposent gratuitement d’espaces clôturés pour faire pâturer les moutons (protection contre le loup).
– Il a été mis en place une véritable co-activité entre la production d’énergie verte et l’agro-pastoralisme.